La forteresse d'Argent

Roi d'Argent Messages : 14 Points : 9136 Date d'inscription : 06/11/2011

La forteresse du royaume d'Argent ne lui avait jamais parue si grande, si imposante, si austère et en même temps, si ridicule. À cette heure-ci du jour, alors que le soleil reflétait nonchalamment ses rayons sur l'étendue cristalline de l'océan, tous les domestiques s'affairaient à leurs tâches respectives et ses conseillers devaient sans aucun doute le chercher en hurlant leur désespoir face à de quelconques conflits internes qu'ils n'étaient pas en mesure de régler. En effet, lorsqu'il n'était pas présent pour trancher l'affaire, il arrivait que les hommes, si nobles et respectueux qu'ils soient, en viennent entre eux aux poings ou aux menaces de morts, refusant de lâcher leur bout. Encore une fois, les imposants murs de pierres aux moulures finement travaillées et aux riches décorations de la forteresse le tenaient prisonnier, le retenait, lui, le seigneur de ces lieux. Appuyé sur la balustrade d'un vaste balcon surplombant le royaume, il demeurait silencieux et tout à ses réflexions lorsqu'une voix tonitruante le fit brusquement sursauter.

- Mais par tous les démons de Jérianeth, Nathan! Mais qu'est-ce que tu fiches encore ici à cette heure?

Le jeune homme se retourna, sa longue tignasse couleur de nuit oscillant dans la brise légère. Dans l'encadrement de la large porte se tenait un homme tout aussi rond que généreux. Âgé d'une cinquantaine d'année, certains disaient que son embonpoint équivalait à sa grande sagesse. Nathan, lui, savait pertinemment que son ventre équivalait tous les repas dans lesquels il se gavait sans retenu, trop gourmand pour résister. Essoufflé, le nouveau venu se posta devant son roi, une lueur de reproche planant dans ses yeux sombres. Ses sourcils froncés donnaient à son visage jovial un air contrarié que le jeune monarque lui connaissait bien. En guise de réponse, ce dernier se contenta de hausser les épaules d'un air désintéressé.

- Tu veux ma mort, Nathan! Monter toutes ces marches pour venir te chercher... je vais finir par y laisser ma peau!

Le jeune homme esquissa un faible sourire, malgré lui attendri par son conseiller. Depuis qu'il était petit, c'est lui, Romuald, qui lui avait appris à se comporter en public, à agir comme un roi. C'est lui, qui, peu importe la situation, n'hésitait pas à le remettre à sa place, et même à l'insulter gentiment, tout cela par affection. Il semblait cependant que ses remontrances ne se soient pas démontrées assez sévères pour calmer le caractère relativement sauvage et associable du jeune homme.

- Loin de moi cette idée, mon brave ami. Un peu d'exercice ne peut pas te faire de tord...

Un soupir bourru franchi les lèvres surmontées d'une moustache sombre du conseiller, qui pris appui sur son ventre ceint d'un cordon doré, un air faussement suspicieux planant sur son visage rond. Après quelques secondes à fixer son Roi, il fini par éclater de rire, d'un rire tout aussi extravaguant que sa personnalité. Il savait pertinemment que le roi avait raison. Voyant qu'il s'était déridé, Nathan l'invita à se joindre à lui avant de se tourner à nouveau vers le paysage côtier. Il observa ce qui se trouvait devant ses yeux, puis posa son attention sur Romuald.

- À quoi penses-tu jeune homme?

- À la liberté. À l'océan...

L'homme bedonnant s'esclaffa à nouveau. La liberté! Franchement! Le jeune monarque n'avait-il pas encore conscience qu'il occupait un rôle des plus importants sur tout Enkidiev. Que le royaume d'Argent était l'un des plus majestueux et que s'il y avait bien quelqu'un de «libre» sur le continent, c'était bien lui! À croire qu'ils n'avaient pas tous la même notion de liberté... un pauvre paysan n'était pas libre aux yeux de Romuald. Alors que Nathan... il avait le monde à ses pieds. Et de plus, il lui était possible d'acheter cette liberté s'il le désirait. Pour le roi, la liberté équivalait cependant à tout autre chose...

- De quoi est-il question, désormais? Demanda-t-il finalement.

- Deux nobles qui se disputent à propos d'une terre.

Accablé par la tâche qui lui incombait à nouveau de remplir, le roi se dirigea sans se presser vers les marches menant aux étages inférieurs. Triste, il était. Profondément malheureux, il demeurerait sans doute jusqu'à sa mort. Passer son existence à régler de futiles conflits au sein de son peuple? Était-ce réellement là son destin? Non. Il ne le croyait pas. Depuis trois ans qu'il occupait ce rôle, il avait de plus en plus l'impression de devenir comme son père. Aigri. Sans compter que depuis des mois, on l'assommait de rencontres obligées avec toutes les princesses des royaumes voisins, dans le but qu'il choisisse enfin celle qui monterait sur le trône. N'avaient-ils donc pas compris qu'il ne désirait pas faire la même erreur que ses parents? Était-il obligé de marier une demoiselle de sang royal sous prétexte qu'elle était de bonne famille et que cela créerait des liens avec son royaume d'origine? Foutaises... il n'avait aucun besoin des beaux yeux d'une princesse pour mettre à sa main les autres seigneurs. Malgré qu'il ai encore du mal à accepter son rôle, il n'en demeurait pas moins l'un des plus jeunes souverains d'Enkidiev, et sans nul doute l'un des plus charismatiques et appréciés. Son propre peuple l'aimait. Dès la première année de son règne, il s'était engagé à se mêler à eux et à leur venir en aide dans leurs besognes. Ses conseillers n'avaient alors pas compris pour quelles raisons il désirait se mêler au «bas-monde». Nathan leur avait alors répondu qu'ils étaient son royaume, une partie de lui, et que d'une certaine manière, il devait se mêler à eux afin de bien leur venir en aide. Ce n'était pas le peuple qui devait être soumis, mais bien le roi qui devait répondre aux besoins de ses citoyens. Cela n'avait pas enchanté les vieillards aigris qui lui servaient de conseillers. Seul Romuald avait fini par ne plus lui casser les pieds. Après tout, il savait que le jeune homme n'écouterait personne.

Sachant que son roi n'était pas de ceux qui démontrent leurs émotions réelles, le conseiller savait pertinemment que Nathan n'était pas heureux et que s'il désirait se mêler aux Argentais, c'est qu'il en ressentait le besoin. Toutefois, il n'était pas encore en mesure de cerner le jeune homme, malgré ces vingt-six ans à passer auprès de lui. Étrange créature qu'était ce roi... Il se contenta de suivre son seigneur, en le bombardant d'abord de questions superflues, puis en l'obligeant à bien se tenir en compagnie des nobles et conseillers qui l'attendaient dans la salle du trône.

Lorsque Nathan y entra, fier et droit, tel un véritable meneur, rien en lui ne semblait démontré la lourde peine qui lui rongeait les entrailles jusqu'au plus profond de son âme. Sans broncher, il alla prendre place parmi les membres présents parmi lesquels une certaine animosité s'était installée. Après des heures à parlementer, il fini par régler une à une toutes les questions, puis garda le silence, laissant ces messieurs tout à leur noblesse et leur prétention.

La noblesse n'a jamais fait partie des cordes de Constellation. Provenant d'une famille assez pauvre et surtout très violente, la jeune femme s'était retrouvée dans une fâcheuse position assez rapidement. Ses pouvoirs magiques étaient assez développés mais il est assez dur pour elle de pouvoir s'en servir parce qu'elle n'en a jamais voulu. Pour elle, ses pouvoirs sont un véritable fardeau. Elle est venue apprendre à mieux les utiliser et pouvoir les maîtriser afin d'aider les populations à se délivrer des injustices comme des crimes qui se déroulent encore dans plusieurs rues sombres de certains royaumes. Sa mère et son père l'ont toujours détesté puisque la soi-disant mort de son frère avait été de sa ''faute''. Têtues comme ils étaient, la jeune fille n'avait jamais pu placer un seul mot et c'était souvent effondrée en larmes, ne pouvant rien faire contre ses propres parents. Des tyrans. Elle hurlait à plein poumon quand ils n'étaient pas dans les parrages, faisant voler les oiseaux accrochés dans les branches d'armes. Tout ceci lui faisait mal au profond de ses entrailles de son ventre. Constellation n'a jamais cherché à trouver l'amour ni même conquérir quelque chose dans sa vie. Elle ne veut que donner ce qu'elle peut pour aider les gens autour d'elle à vivre une vie douce et d'une sincérité adulée.

Constellation quitta le royaume d'Émeraude avec l'intention de voyager durant quelques jours et se changer les idées sur ce qui se passe dans sa tête. N'ayant jamais été une femme exemplaire, elle cherchait une raison de se faire une place réelle. Une place où elle se trouverait vraiment à sa place, justement! Pas une inconnue qui prend la place de quelqu'un d'autre! Elle est puissante et bonne en magie mais recule devant ses propres pouvoirs. Elle ne souhaite pas non plus s'attacher à quelqu'un vue sa maladie qui la ronge et la rend de plus en plus malade. C'est donc dans cette pensée un peu maussade que la jeune femme s'engageait dans la forêt d'Émeraude et qu'elle se dirigeait vers le royaume d'Argent afin de pouvoir découvrir de différentes cultures et de pouvoir voir comment agissait les Argentais. Elle dormit une nuit à la belle étoile avant d'arriver aux grandes portes de la forteresse d'Argent. Ce royaume avait toujours été si imposant... C'était un des plus grands royaumes de verdure avec Émeraude. Elle débarqua doucement de sa jument qu'elle laissa aux soins d'un palefrenier à l'intérieur des murailles.

Alors qu'elle s'avancait vers le château, pensant avoir le droit de visiter un peu, elle se fit interpeller par une voix sourde, grave et surtout malodorante. La jeune femme se retourna alors et fit face à face avec un homme parfaitement ivre. Sa bouche puait l'alcool à plein nez. La magicienne recula immédiatement d'un pas, sous son instinct. Sa queue de chat comme ses oreilles étaient cachées sous sa cape comme son capuchon. Ses courbes féminines étaient certes découvertes parce qu'elle était quand même assez moulante. L'homme l'avait certainement appercu et s'était rapproché en pensant avoir eu une bonne prise sous la main. Il empoigna maladroitement le poignet de la jeune femme aux cheveux violets pâles, mais très durement. Il attira violement Constellation qui manqua de tomber face au sol. Malgré sa grande prise magique, la jeune femme ne possède pas la carrure et encore moins la force de combattre un homme à main nue. Elle sait se servir d'une dague en cas de nécessité mais elle n'en a pas sur elle en ce moment même et ne peut certainement pas se permettre d'attaquer un inconnu à même que ce n'était même pas SON royaume! La pardusse fut consternée par la violence de cet homme ivre. Malgré toute sa violence, elle mit ce qu'elle subit sur le compte de l'alcool qui pouvait brouiller aveuglément les sens de cet homme sur ses gestes comme ses pensées. Elle fut brusquée par plusieurs moyens jusqu'à ce qu'il ose défaire sa cape et qu'il voit quel ''monstre'' elle était. Pour plusieurs humains, la vue d'un être à demi félin pouvait s'avérer d'une maéldiction. Et cet homme, ennivré par les effets de l'alcool, devint soudainement très blême et hurla:

- UN MONSTRE! UN MONSTRE! À BAT LES MONSTRES!

Son hurlement parvint rapidement aux oreilles de plusieurs villageois et Constellation fut violemment projetée au sol. Sa tête s'y cogna et elle perdit le contrôle autour d'elle durant un petit moment. Sa conscience n'analysait plus sur le moment jusqu'à ce qu'elle voit quelque chose de brillant éclairer autour d'elle. Une lame!? Dès que ses yeux oranges se relevaient, elle ne voyait qu'une lame plonger... Elle ne pensa même pas à user de ses pouvoirs... Quand elle avait si peur, tout chez elle se paralysait...

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Écrasé sur le trône, Nathan laissait les membres du conseil parler entre eux sans intervenir, mis à part pour acquiescer distraitement à leurs points de vues divers. Il en était là, tout à ses réflexions lorsque les lourdes portes de la vaste salle s'ouvrirent à la volée, laissant passer deux gardes à bout de souffle, arme en main.

- Votre Majesté, une urgence!

Les nobles présents sursautèrent et cessèrent de parler, fixant les deux arrivants de leurs yeux ronds et étonnés. L'un d'eux tenta d'intervenir en signifiant le manque de politesse des deux soldats, mais leur souverain le fit taire d'un geste sec de la main. Les sourcils froncés, il s'était redressé et se dirigeait vers les portes tandis que les deux hommes lui expliquaient la situation. Eux même ne semblaient pas réellement conscients de ce qui s'était produit. Ils vaquaient à leurs occupations lorsqu'un petit attroupement de paysans s'était formé pour ensuite grossir. Un homme avait vociféré qu'il avait vu un monstre. Un monstre à Argent? Vraiment? Les paysans s'étaient assemblés les uns après les autres auprès de celui qui criait de telles choses, puis peu à peu, des cris avaient fusé, des armes s'étaient brandies. De leur poste, quelques soldats de la garde royale s'étaient dirigés vers la troupe de gens apparemment en colère et effrayés. À l'instant même, ils tentaient de calmer la foule. Les deux jeunes gens qui se trouvaient devant le roi avaient été dépêchés pour aller lui faire part de la situation.

- Mon arme, Romuald, se contenta-t-il de dire tandis que l'homme tout rond se précipitait en sautillant pour aller quérir l'objet de convoitise afin de l'apporter au jeune monarque. Vous deux, vous venez avec moi. Quant à vous, eh bien... faites comme bon vous semble.

Encore sous le choc, les conseillers se ruèrent à petits pas derrière leur souverain qui franchit les lourdes portes de la salle du trône, avec sur ses talons les deux soldats et le groupe de curieux, Romuald traînant derrière tout le monde, son cardio peu développé ne lui permettant pas de se mouver aussi rapidement que ses collègues. Ils passèrent les couloirs de la forteresse puis se retrouvèrent à l'extérieur, où un soleil éclatant rayonnait sur l'imposant royaume. L'un des gardes montra le chemin au roi, tout en continuant de déblatérer sur ce qu'il avait vu. Lorsqu'ils arrivèrent auprès de la foule de paysans attroupés, les gardes tentaient en vain de repousser les curieux et ils durent user de leurs armes pour les faire reculer. La voix de Nathan tomba telle un coup de tonnerre. À cette instant, il lui sembla étrangement entendre son père parler à défaut de sa propre personne.

- Reculez, c'est votre Roi qui vous l'ordonne.

Il avait dégainé son épée bien qu'il n'oserait point s'en servir contre son propre peuple. Néanmoins, cela eut l'effet escompté. Majestueux, il fit face aux paysans attroupés qui reculèrent, sachant leur roi très doué pour l'art du combat. De toute évidence, aucun d'entre eux ne désirait se mesurer contre lui et risquer d'y perdre la tête. Alors que tous reculaient, certains mots parvinrent aux oreilles du jeune homme. «Monstre» «Créature démoniaque». Il s'avança vers le centre de ce qui semblait retenir l'attention. Un homme apparemment ivre se tenait penché sur une silhouette fragile et menue, sans doute celle d'une femme. Dans ses mains, il tenait fermement un couteau mal aiguisé et menaçait la jeune femme de sa pointe. Un mince filet de sang s'écoulait sur le sol de terre battue, laissant croire qu'il s'en était déjà servi. Tout à son délire, il vociférait des insanités tandis qu'un soldat tentait de le calmer. Néanmoins, l'ivrogne menaçait quiconque tentait de s'approcher de lui avec son couteau. D'un bref signe de tête, Nathan fit signe à trois gardes de s'emparer de lui et de le traîner plus loin, où il s'écrasa de tout son long.

- UN MONSTRE! Continua-t-il de hurler jusqu'à ce que l'un des gardes lui assène un violent coup sur la tête.

Au centre de la place ne restait plus que la créature, étendue au sol, semblant figée par la peur ou par la douleur. Il était difficile de dire si elle avait été gravement blessée ou si l'homme ne s'était contenté que de lui faire peur. Une cape traînait à ses côtés. Apparemment, l'ivrogne avait tenté de l'en défaire. Le souverain ne remarqua pas la différence physique de la créature qui se trouvait devant lui, se contentant de vouloir savoir si elle était blessée ou non. La foule s'étant momentanément dispersée, ses soldats s'occupant de les garder plus loin, Nathan se pencha près de la demoiselle, tout en demeurant à une distance respectable, au cas où elle tenterait de se défendre, croyant qu'il s'agissait de son agresseur.

- Vous m'entendez? se risqua-t-il à demander avant de risquer une main près du visage de la jeune femme. Doucement, il repoussa les cheveux qui cachait ses traits, puis ses sourcils se haussèrent. En faisant glisser la mèche violacée, des oreilles pointues, à l'image de celle d'un félin, se pointèrent dans la chevelure de l'étrange créature. Discrètement, il posa les yeux sur le corps de l'inconnue, puis ce qu'il croyait se confirma.

- Ce n'est pas un monstre, c'est une pardusse... du moins, elle l'est en partie.

Il hésita un moment, puis s'adressa à nouveau à la créature à demi consciente, ne se risquant pas à la relevée à l'instant. Après tout, elle demeurait à moitié «animal sauvage». Il se pouvait donc qu'elle tente de se défendre.

- Je ne vous veux aucun mal, continua-t-il. Vous a-t-il fait mal?

Puis...

- Comprenez vous ma langue?

Des acclamations de voix. Trop fortes, trop bruyantes. Des voix qui proféraient de véritables menaces à l'intention de sa propre personne. On la traitait de ''monstre'' car elle était bien différente des humains. Il n'y avait que sa peau qui était humain mais aussi son caractère. Mais bien sûr, les gens de ce village ne l'avait vu puisque la plupart ne pouvait pas lire dans les pensées et ne le connaissait pas. La jeune femme ne savait pas quoi faire. Elle savait très bien que la magie aurait pu la sortir de ce pétrin mais elle effrayait déjà assez bien les Argentais ainsi qu'elle ne souhaitait sûrement pas agraver son cas. La jeune femme s'était tout de suite recroquevillée contre elle-même en se mettant en boule pour protéger ses organes vitaux lorsque l'homme avait eu l'intention de la blesser ou pire... La tuer. Avant qu'un grand homme ne vienne lui porter secours avec toute une horde de gardes avec lui, elle avait bel et bien recu un coup de cette arme. Malgré la lame qui n'était pas à la pointe d'une véritable arme, elle blessait et elle aurait aisément pu la tuer. La pardusse avait fermé alors les yeux et avait encaissé le coup sans broncher, se rappelant ses douloureux souvenirs alors que ses parents procuraient les mêmes dommages sur son corps mais avec autre chose qu'une lame. On pouvait plus voir ces dommages corporels avec du bois ou du cuir. La mort sur la conscience, Constellation avait été injustement accusée du meurtre de son frère. Ce n'était pas du tout sa faute! Son frère était mort naturellement, de cette maladie que personne n'a trouvé encore de remède. Pourtant, celle-ci ne devait que toucher les femmes de sa famille mais son frère avait été terrassé. Pas elle. En même temps, elle n'apparaissait pas suffisamment pardusse pour sa famille et on la traitait alors de bâtarde. Elle l'était, à cet époque - mentalement -. Plus maintenant. La violence ne se résume qu'aux actes qui n'ont plus de raisons par la voix de l'homme de se faire entendre. C'est donc par les armes que la guerre d'aujourd'hui se fait, avec la magie... Une façon bien injuste de faire valoir sa propre loi! Alors que sa conscience remontait tranquillement à la surface, la magicienne redressa un peu les oreilles sur sa petite tête pour pouvoir entendre ce que les gens autour d'elle disaient. Elle pouvait percevoir des murmures effrayés, d'autres dégoûtés, d'autres surpris... C'est... Très effrayant d'arriver dans un royaume aussi grand et d'être ainsi accueillit! La réputation d'Argent lui a fait un peu défaut sur le coup et elle essaya de se redresser tant bien que de mal avec sa tête et sa blessure. Tellement elle était déconcertée par tous les gens autour d'elle et la bousculade qu'elle avait reçu, Constellation ne perçut même pas le geste de l'homme accroupit... Trop proche d'elle.

- Je ne vous veux aucun mal, continua-t-il. Vous a-t-il fait mal?

Quoi? D'où vient cette voix qui est soudainement bien remplie de bonnes intentions? Constellation tourna alors la tête en direction d'un homme qui était accroupit proche d'elle et recula évidemment la tête par instinct primaire. Elle redressa lentement les yeux le long de sa carrure pour enfin arriver à son visage. Les pupilles ovales de la pardusse devinrent alors très... Très minces. À peine plus large qu'une aiguille. La lumière du soleil venait presque en plein dans ses yeux et mélangé à la peur, c'est bien comme ceci que ses yeux réagissent.

- Comprenez vous ma langue?

La pardusse réussit calmement à bouger et posa une main contre son ventre, un peu vers la gauche pour faire pression sur la blessure. Sa tête se redressa pour regarder un peu les gens autour d'elle, toujours aussi déboussolée et un peu en peur que cet ''évènement'' ne recommence et qu'elle n'y laisse sa peau, cette fois... Elle décida néanmoins de répondre à cet homme dont la gentillesse lui avait un peu donner confiance qu'elle pouvait lui parler. Elle allait néanmoins répondre par télépathie, ne donnant ainsi pas la chance aux autres de savoir si elle parlait réellement ou non.

<< - Votre langue, je la connais comme je peux connaître celle de mes origines. Je n'ai pas grandis parmi les miens. J'ai grandis parmi les humains. >>

Ceci devait répondre à sa dernière question. Constellation pressa légèrement les doigts contre sa blessure, ne souhaitant pas user de sa magie de guérison devant tous les yeux indiscrets qui étaient autour d'elle...

<< - Sa dague a réussie à m'atteindre mais ce n'est rien de grave. Je serais capable de la guérir moi-même mais certainement pas avec tout cet attroupement autour de moi... Je préfère vous avoir parlé par la pensée que eux... M'entendent et ose m'attaquer encore... >>

Elle détestait l'attention et encore plus quand celle-ci s'avère mauvaise...

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Bien qu'il se soit adressé à la créature à voix haute, c'est par la pensée qu'elle lui renvoya sa réponse. Certes, elle parlait donc leur langue. Et de plus, elle ne semblait pas une véritable menace pour ceux qui se trouvaient aux alentours. La pauvre devait être terrorisée. Le royaume d'Argent se devait être une terre d'accueil pour les voyageurs étrangers, du moins, selon sa pensée à lui. Pas un territoire où terreur et méfiance habitait chacun chacune. Une certaine culpabilité l'affligea l'espace d'un instant, comme une honte générée par la réaction de l'ivrogne. Discrètement, il se contenta d'hocher la tête en signe d'assentiment puis fit signe aux gardes de s'assurer que les villageois demeuraient à une distance respectable. Pour éviter les soupçons, il reprit, en se servant de la parole.

- Plus personne ici ne vous fera de mal, soyez-en assurée.

Par sa stature imposante, Nathan risquait de l'effrayer s'il commettait la moindre erreur. Il opta donc pour une attitude plus distante envers l'inconnue. Après tout, elle venait tout de même de subir une agression plutôt traumatisante. En cherchant à croiser le regard de l'étrange demoiselle, il lui tendit une main ferme afin de l'aider à se redresser.

- Si vous tenez à guérir vos blessures à l'abris des regards indiscrets, vous serez plus confortable à l'intérieur de la forteresse.

À quelques pas derrière lui, Romuald se tordait les mains en regardant la scène.

- Mais... Nathan... je... je ne crois pas que ce soit...

- Que ce soit quoi, Romuald? Coupa le roi d'un ton plus sec qu'il ne l'aurait voulu en se tournant vers son conseiller.

- Enfin, je... elle... elle n'est pas...

- Humaine, peut-être?

Il posa à nouveau son attention sur la jeune femme, puis insista légèrement pour l'aider à se relever. La tenant légèrement par les avants-bras, lorsqu'il fut certain qu'elle ne s'écroulerait pas, Nathan se tourna vers son conseiller, une expression sévère trahissant sa contrariété. Devant le silence mal-à-l'aise de Romuald, il poursuivit.

- Dis-moi, ne suis-je pas à demi-elfe?

Le conseiller en demeura bouche-bée, comme si l'idée de comparer un elfe à une pardusse lui paraissait absurde et impossible. Visiblement ébranlée par la répartie de son jeune roi, il se contenta de hocher la tête, soucieux des regards qui se dirigeaient vers eux. Sans plus se préoccuper de Romuald, Nathan proposa à l'étrange créature de le suivre. Il ramassa sa cape et la lui remit avant de se diriger d'un pas assurer vers la forteresse aux côtés de la demi-pardusse, son conseiller à leurs trousses. Lorsqu'ils entrèrent dans l'imposant domaine, une certaine inquiétude se ficha dans l'esprit du jeune souverain. Et si l'idée de se retrouver piéger dans un si vaste château la terrorisait? Et si elle se sentait captive? Après tout, il était possible qu'elle réagisse de différentes façon face à ses actes. Ne désirant pas lui faire savoir qui il était, il se contenta donc de l'amener en retrait, en faisant comprendre à Romuald qu'il n'était pas le bienvenu avec ses propos dégradants. Ils traversèrent de nombreux couloirs et arrivèrent bientôt à l'infirmerie. Il avait bien compris qu'elle possédait des dons et qu'il était probable qu'elle utilise sa magie pour se soigner. Il s'occupa donc de l'amener dans une section fermée, où elle pourrait avoir la paix.

- Si je ne m'abuse, vous êtes en mesure de vous soignez vous même, n'est-ce pas? Se risqua-t-il à demander. À moins que vous ne désiriez que je ramène une infirmière...

Nathan se tenait debout, la tête légèrement penchée, guettant les réactions de l'inconnue. Il aurait pu jurer qu'elle refuserait que quelqu'un l'approche et cela était bien comprenable. Le fait qu'il lui ait imposé de se rendre au château devait sans doute l'effrayer, il était donc inutile d'en rajouter. Il se tenait près de la porte, attendant que la demoiselle se prononce.

[Mon post est nul, désolée >.< je me reprends au prochain, je ne voulais pas la bombarder de question one shot! Very Happy

]

Pourquoi un homme qui semblait aussi important que lui souhaitait-il aider un monstre comme elle? La pardusse écouta néanmoins attentivement ce que l'homme - nerveux en soi - derrière le Roi d'Argent, disait. Grâce à ses sens beaucoup plus développés qu'un être humain normal, elle percut très bien la voix de l'homme qui trahissait qu'il la prenait aussi comme un monstre. Un certain mépris plâna un moment dans la tête de la pardusse qui se disait que la race des humains avait beaucoup à apprendre sur la sienne... Elle ne faisait pas confiance à cet homme qui semblait plus être un serviteur qu'un noble. Constellation n'avait jamais choisit d'être agressée de la sorte par un homme ivre qui avait pensé tomber sur une belle petite proie sans défense. La magicienne se révèle être quelqu'un de très fragile mais ne devient dangereuse que si on la met en colère ou si on s'en prend aux gens qu'elle aime. Ou bien... Aux enfants. Elle ne peut tout simplement pas prendre en considération que l'on puisse faire du mal à de pauvres enfants... Que racontait-il encore celui-là sur sa propre personne? La jeune femme n'était pas quelqu'un qui se mêlait aux conversations des autres mais elle préférait néanmoins qu'on lui dise en face ce qu'on dit d'elle au lieu de parler directement dans son dos comme si on lui manquait littéralement de respct. Elle n'avait pas trop de mépris mais elle détestait bien qu'on lui fasse ce coup là.

Alors qu'elle était concentrée à écouter ce que cet idiot avait à dire sur sa propre personne, elle se sentie légèrement soulevée et soutenue par les avants-bras. Elle tourna ses yeux orangés vers la personne qui la touchait et vue la grandeur et la carrure... C'était la même personne qui était venue à son secours quelques minutes plus tôt. Sans cette personne, sans cet homme, elle serait sûrement morte à l'heure qu'il est. Elle avait donc des remerciements à lui faire. Alors qu'elle venait de se faire redresser par cet homme qui semblait important dans le royaume d'Argent, elle se sentie légèrement poussée vers le château majestueux un peu plus loin devant eux. Elle ne résista pas, voulant à tout prix s'éloigner des villageois qui la toisait comme un véritable monstre. Elle ne se sentait véritablement pas à sa place... La jeune femme fut alors amenée dans une pièce où la pureté se faisait sentir. La propreté. Blanche. Majestueuse pièce. Quelques instruments se trouvaient à quelques endroits. Vue de quoi ils avaient l'air, la jeune femme savait très bien qu'elle se trouvait dans l'infirmerie. L'homme qui l'avait aidé était là, proche de la porte, respectant son intimité car elle était après tout... Une pure étrangère qui avait faillit se faire tuer par un ivrogne. Elle ne se doutait pas qu'elle se trouvait en réalité en face du Roi de ce même royaume.

- Si je ne m'abuse, vous êtes en mesure de vous soignez vous même, n'est-ce pas? Se risqua-t-il à demander. À moins que vous ne désiriez que je ramène une infirmière...

Constellation ne fit aucun commentaire sur le coup. Elle repoussa calmement ses longs cheveux d'un violet pâle derrière ses oreilles de félin et regarda le Roi d'Argent de ses yeux orangés. Elle semblait à la fois trop humaine pour sa race et trop animale pour les humains. À quoi bon chercher un bon juste milieu pour elle? La magicienne baissa légèrement les yeux sur sa blessure et murmura quelques paroles à voix basse pour sa propre personne. Ce n'était alors que pour se rassurer d'un petit quelque chose. Elle n'était pas Shaman donc elle n'avait pas besoin d'incantation ni de livre pour pouvoir se guérir de sa blessure. Elle redressa de nouveau les yeux vers le Roi.

- Non, vous avez raison. Je peux très bien guérir cette blessure moi-même... Même que ce n'est que tâche très facile.

Constellation posa donc la paume de sa main juste au-dessus de la blessure qui semblait plus profonde que pensée et sa main s'illumina d'une douce lumière dorée. Quelques secondes plus tard, environs une bonne vingtaines de secondes, la lumière disparut... Laissant sur place qu'une tâche d'un rouge foncé sur sa robe et plus aucune plaie. La pardusse redressa alors la tête vers le Roi d'Argent.

- Je pense qu'il serait temps pour moi de me présenter. Je me prénomme Constellation, je suis le bras droit du Magicien d'Émeraude. Ma visite n'a rien d'exceptionnel en soi. J'ai voulu visiter. Malheureusement, je crois être tombé sur le chemin d'une mauvaise personne. Je suis désolée d'avoir causé autant d'émoi. Les humains ne sont certainement pas habitués de voir ma race en plein jour et encore moins déambulée en pleine rue...

Roi d'Argent Messages : 14 Points : 9136 Date d'inscription : 06/11/2011

il n'était pas dans ses habitudes de s'attacher à qui que ce soit et il ne fallait surtout pas croire que cette rencontre allait le faire déroger de son comportement habituel. Seulement, un profond agacement le harcelait. D'une part parce qu'il tenait à son royaume, bien que ce dernier, d'une certaine façon, le maintenait prisonnier. Prisonnier de la fidélité qu'il devait lui vouer. Prisonnier de le gouverner et de le servir. D'autre part parce que les derniers évènements lui avait confirmé que son peuple avait grand besoin de s'ouvrir aux autres. Jamais, depuis sa tendre enfance, un seul argentais avait osé soulevé le fait que la reine, sa propre mère, n'était pas de race humaine. D'origines sylvestres, elle avait été accueillie à l'instar d'une déesse, douce petite fleur fragile, aimée de tous. Du moins, jusqu'à ce qu'elle décide de partir. Lui même n'étant qu'à demi-humain, il n'avait pourtant jamais subi aucune remarque de la part des autres, seulement une certaine jalousie par rapport au fait qu'il tenait diverses qualités des deux races. La force et la carrure de son père. La douceur et la grâce de sa mère. Le fait que l'inconnue qui s'était présentée à Argent soit différente ne l'avait point dérangé. Ayant étudié toutes les races d'Enkidiev depuis qu'il était en âge de lire, il avait appris à les apprécier à leur juste valeur, à les respecter aussi. Ses voyages d'affaires et de courtoisie dans les différents royaumes lui avait permis de connaître les différences entre les races, les ethnies, les peuples. Peut-être était-il venu, pour les Argentais, le moment de prendre conscience que les autres races d'Enkidiev, si différentes pouvaient-elles être, ne méritaient pas leur colère sous prétexte de l'effroi. Certes, il comprenait la peur face à ce qui n'était pas connu. Toutefois, il lui semblait important que son peuple ne demeure pas craintif face à ceux qui se pointaient au royaume.

Prenant appuis sur le cadre de la porte, les bras croisés, le roi faisait face à la pardusse, attendant qu'elle réponde à sa question. Elle repoussa ses cheveux d'un mauve clair, puis entrepris de se guérir elle-même, tel qu'il l'avait prévu. Fort heureusement, aucun regard indiscret n'était alors en mesure d'aller crier sur tous les toits que la nouvelle venue en royaume d'Argent était une sorcière. Car oui, les ingénus et les ignorants n'auraient pas hésité à lui imposer ce titre. Ne sachant si elle désirait réellement demeurer seule ou non, il se sentait légèrement mitigé entre le devoir qui l'obligeait à recevoir cette invitée inattendue dans sa demeure afin de lui présenter de plates excuses de la part de son peuple, ou celui de la laisser livrée à elle-même. Néanmoins, elle coupa court à ses réflexions en décidant de se présenter. Quelque peu contrarié et chamboulé par les évènements, il avait lui-même omis de lui mentionner qui il était.

Je pense qu'il serait temps pour moi de me présenter. Je me prénomme Constellation, je suis le bras droit du Magicien d'Émeraude. Ma visite n'a rien d'exceptionnel en soi. J'ai voulu visiter. Malheureusement, je crois être tombé sur le chemin d'une mauvaise personne. Je suis désolée d'avoir causé autant d'émoi. Les humains ne sont certainement pas habitués de voir ma race en plein jour et encore moins déambulée en pleine rue...

Le roi écouta la demoiselle sans l'interrompre tandis que ses sourcils se fronçaient. Non pas qu'il soit fâché, mais cependant, il lui semblait que les choses ne faisaient que s'envenimer. Le bras-droit du magicien d'Émeraude. Sans laisser réellement transparaître sa contrariété, Nathan se contenta de glisser une main songeuse sous son menton, ses yeux d'un bleu d'acier désormais plantés dans ceux, orangés, de l'étrangère. Après quelques instants où un silence pesant s'était installé, il se résolu finalement à parler. Pesant chacun de ses mots, il s'adressa à elle d'un ton grave.

- Vous n'avez pas à vous excuser de vous avoir présentée au royaume d'Argent. Tel que vous avez pu le constaté, l'épaisse muraille qui entourne le territoire de notre royaume fait de la plupart des villageois des hommes et des femmes qui n'ont jamais rien connu d'autre que la mer, le vent et les vagues. La plupart d'entre eux n'ont jamais dépassé les frontières Est d'Argent. Les seules autres races qu'ils ont eu l'occasion de rencontrer, par hasard, sont les elfes, dont je tiens une partie de mes origines, et plus rarement, les fées. Les pardusses demeurent, pour plusieurs d'entre eux, des êtres de légendes ou encore, - vous m'en excuserez l'expression- des «monstres». Toutefois, je ne crois pas qu'un monstre puisse être à votre image, tenez vous le pour dit.

Après une légère pause, il reprit:

- L'individu qui a croisé votre route n'était sans doute pas qui vous donnera la plus belle impression de ce royaume, mais sachez que ce qui me rend le plus mal-à-l'aise, en ce moment, est l'attitude de mon conseiller. Méfiant envers tout ce qui lui est inconnu, il préfère demeurer encrer dans ses propres valeurs plutôt que de s'ouvrir à ce qui pourrait lui être bénéfique. Au fait, mon nom est Nathan. Si je vous ai conduite ici, c'est parce que je suis le maître de ces lieux. Mais je vous prierais de bien vouloir ne pas prendre cela pour une mise en garde, mais bien comme une forme d'excuse.

Après tout, se mettre à dos le bras-droit du magicien d'Émeraude ne serait pas des plus bénéfiques pour les relations de son royaume. Or, il préférait de loin se charger lui même de ce mal entendu.

- Vous êtes donc mon invitée en ces lieux. Et soyez assurée que je ferai tout en mon pouvoir pour rendre votre séjour ici meilleur. Puis-je faire autre chose pour vous?

Constellation avait eu la gentillesse de se présenter sans demander à son interlocuteur de le faire à sa suite. Malgré sa curiosité, elle garda le silence après ses propos. Elle n'était pas venue en visite de courtoisie pour voir le Roi d'Argent ni la Reine - ignorant bien sûr qu'il n'y en avait aucune -. La jeune femme avait doucement baissé le regard contre ses mains. Qui ne savait pas que dans les villages - surtout ceux qui sont paysans, vivant de l'agriculture - ceux qui utilisaient la magie étaient considérés comme des sorciers? Des renégats même. Elle n'avait pas pu se soigner devant tous ses gens, aussi figée par la peur, ce qui bloquait malheureusement ses pouvoirs. Elle n'arriverait - dans des cas aussi extrêmes - à user ses pouvoirs que si des gens qu'elle aime sont en danger ou si des enfants le sont. Elle mettrait sa vie en danger pour sauver celles-ci. La peur des villageois pouvaient se sentir à des kilomètres à la ronde puisqu'il n'était pas question qu'une ''sorcière'' ou encore moins un << monstre >> ne pénètre dans les murs d'Argent et ne leur fasse du mal. Pourtant, Constellation était belle et bien une personne qui était loin de vouloir faire du mal à question. Elle en serait incapable à moins d'être véritablement poussée à bout et encore là cet acte la pousserait elle-même à bout psychologiquement.

La magicienne croisa doucement les bras contre son ventre en serrant légèrement les doigts contre ses vêtements, incapable de prononcer un mot de plus à l'homme qui se tenait au bout de la pièce, juste à côté de la porte. S'il se sentait si mal à l'aise, pourquoi ne partait-il pas? La jeune femme ne ferait rien et ne lui ferait encore moins quelque chose. C'était vrai que vue sa carrure à elle - son physique - plus qu'elle venait d'utiliser la magie, il ne serait sûrement plus question de rester seule et encore moins que cet homme imposant ne quitte la pièce. Elle resta donc là, figée comme une stupide statue de pierre, attendant que l'homme parle au lieu de rester planté comme une poupée de cire. Alors que le silence régnait en maître dans la pièce, la voix de l'homme s'éleva pour prendre place. Une voix plutôt creuse mais bien défini pour l'âge qu'il devait avoir. Constellation l'écouta attentivement. Il parla alors de sa race qui était percue comme une légende parmi les Argentais. Sans dire un mot, ses oreilles sur sa tête tournaient légèrement vers l'arrière alors qu'elle tournait ses doigts un peu plus vers sa propre personne. Elle se sentait visée et détestait cela...

- L'individu qui a croisé votre route n'était sans doute pas qui vous donnera la plus belle impression de ce royaume, mais sachez que ce qui me rend le plus mal-à-l'aise, en ce moment, est l'attitude de mon conseiller. Méfiant envers tout ce qui lui est inconnu, il préfère demeurer encrer dans ses propres valeurs plutôt que de s'ouvrir à ce qui pourrait lui être bénéfique. Au fait, mon nom est Nathan. Si je vous ai conduite ici, c'est parce que je suis le maître de ces lieux. Mais je vous prierais de bien vouloir ne pas prendre cela pour une mise en garde, mais bien comme une forme d'excuse.

Nathan. Ce prénom était assez reconnu pourtant. Puis, Constellation reprit un mot qui sonna comme un echo dans sa propre tête: Maître. Maître des lieux. Avait-elle seulement bien entendu? Si c'était le maître de ces lieux, c'était qu'il en était le Roi. La magicienne baissa encore plus les yeux, se sentant plus mal à l'aise que jamais. Que pouvait-elle bien dire face à face à un Roi alors qu'elle avait faillit se faire arracher le coeur sur la place publique? Pourquoi faire autant pitié devant un monarque? La pardusse ne pouvait pas en faire autrement, c'était tout simplement sa raison d'être. Elle et personne d'autre! Les lèvres de la demoiselle se relevaient légèrement, démontrant ses canines bien dangereuses et pointues. Elle se sentait si mal envers elle-même que son visage se transforma quelques instants en une expression totalement inconnue.

- Vous êtes donc mon invitée en ces lieux. Et soyez assurée que je ferai tout en mon pouvoir pour rendre votre séjour ici meilleur. Puis-je faire autre chose pour vous?

Constellation se laissa alors doucement glisser sur le sol, ses longs cheveux cachant un long moment son visage alors que ses yeux oranges fixaient le seuls, indécis. Elle ne savait plus où se placer mais elle devait au moins tenter de parler à ce Roi et de s'expliquer un peu plus sur le pourquoi elle n'avait pas réagit lorsque l'homme avait tenté de l'agresser et l'avait poignardé.

- Je suis contente de constater que pour un Monarque, ma race de vous indispose guère. Je ne suis néanmoins pas sang pure. Cependant... Je tiens à m'expliquer sur le pourquoi je n'ai pas pu me défendre contre cet homme dans la cours.

Les oreilles de félin de la jeune femme s'abaissaient alors totalement sur sa tête, démontrant sa tristesse et son embarras à raconter ceci au Roi d'Argent. Elle n'avait même pas pensé une seconde que Nathan pouvait être le grand dirigeant d'un si vaste Royaume...

- Je suis peut-être magicienne, mais mon passé est extrêmement lourd. Je ne me plains pas de qui je suis ni de ma vie actuelle. Néanmoins, les évènements de mon passé font en sorte que je n'arrive pas à user de ma magie lorsque la peur me tenaille. Elle fige. Je ne suis pas du tout habile avec une arme et encore moins au corps à corps donc malheureusement, c'est pourquoi cet homme a réussit à me poignarder. Les circonstances de son attaque sont toutes autres, je le sais très bien. Mais en voyant ma nature, il n'a pas pu continuer ce qu'il voulait bien faire. Il a changé complètement d'idée et ce fut lorsque j'étais projeté au sol que je vis une lame brillé au soleil éclatant de cette journée. Je savais que c'était une arme. Mais sur le coup de la peur, ma magie n'a pas agit. Il y a quelques exceptions que celle-ci fonctionne malgré mon état...

Constellation n'émit pas du tout le renseignement sur sa maladie, ce qui engendrait aussi la difficulté d'user de sa magie dans de tels moments de détresse... Elle baissa de nouveaux les yeux sur le sol, incapable de soutenir le regard du Roi.

- Je ne suis pas quelqu'un à accepter facilement l'hospitalité d'autrui... Je n'aime pas me sentir inutile et encore moins empiétré sur le lit de quelqu'un d'autre...

Roi d'Argent Messages : 14 Points : 9136 Date d'inscription : 06/11/2011

Il lui semblait que la demoiselle qui lui faisait face, si différente et si étrange pouvait-elle paraître aux yeux d'un humain normal, possédait en elle de grandes qualités, plus grandes que chez certains individus qu'il côtoyait chaque jour. Humble de ses propres pouvoirs, elle n'avait pas tenté, à la suite des évènements, de s'en prendre à l'homme qui l'avait attaquée. Et pourtant, cela aurait été légitime. Malheureusement, à l'instant où il pensait ces propos, Nathan ignorait encore que la jeune femme n'était pas en mesure de se servir de ces dons lorsqu'elle était effrayée. Une autre qu'elle, insultée et quelque peu rancunière, aurait pu régler facilement son compte à un ivrogne tel que l'imbécile qui l'avait harcelée. Certes, il moisirait quelques temps en prison, du moins, le temps qu'il finisse par dégriser, mais cela, c'était simplement parce que le roi ne désirait pas que de telles loques humaines se baladent dans les rues de son royaume. La peine de mort était inimaginable. Mais l'absence de punition consternait le jeune souverain. Il entendait déjà ses conseillers tenter de lui faire entendre raison par des «ce n'est qu'une étrangère», et pire «ce n'était pas un être humain normal». À l'idée de devoir confronter cette bande de vieux croutons moisis, une certaine déprime s'empara de lui. Heureusement, ils n'étaient pas tous ainsi. Il y en avait toujours un ou deux pour prendre de son parti. Et les autres... eh bien... ils finissaient toujours par se laisser convaincre. Loin de lui l'idée de devenir un roi aussi austère et intransigeant que son paternel, mais il tenait à ce que les crimes soient punis. Bien que l'homme qui s'en était pris à Constellation n'ait pas eu le loisir de terminer sa besogne, il l'avait tout de même agressée d'un couteau sous prétexte qu'elle était différente...

Et s'il s'en était pris à elle, il risquait d'en faire ainsi pour toutes les jeunes femmes à l'air un tantinet fragile qui croiseraient son chemin. Et celles-là, même s'il ne risquait pas de les traiter de monstres à qui voulait l'entendre, elles ne seraient pas dans une meilleure situation que la pardusse, peut-être même pire étant donné qu'elles n'auraient sans doute pas de pouvoir de guérison.

Puisque la jeune femme s'était enfin décidée à dire qui elle était, le roi la laissa s'exprimer, sans l'interrompre. De sa frêle silhouette, ce qui le marquait le plus étaient les longs cheveux mauves de l'étrange créature, ainsi que ses oreilles de félin qui s'abaissaient ou se redressaient tout dépendant de ce qu'elle ressentait. Non pas que cela le dérangeait, lui même avait hérité des oreilles pointues de sa mère, d'origine Elfique. Il aurait été bien mal placé pour s'en prendre à quelqu'un alors que lui même n'était ni de sang pur, ni totalement humain. Le fait de connaître quelques pièces du passé de cette créature venue d'ailleurs lui causa un certain choc. Elle avait beau n'avoir dit que le stricte nécessaire, Nathan était en mesure de comprendre la douleur que ces souvenirs lui faisait. Lui qui avait toujours vécu dans sa propre petite bulle, si malheureuse pouvait-elle être, n'avait jamais eu cure de ce qui se passait réellement ailleurs. Pour lui, n'importe quelle famille aurait été mieux que la sienne. Il avait passé son existence à craindre d'un jour devenir comme son père, à fuir toutes les sortes d'attention trop affectueuses qu'on lui portait et à tenter de comprendre pourquoi sa propre mère l'avait abandonné. Or, il venait de comprendre que non, il n'était ni le seul à avoir souffert, et il n'était certainement pas le pire. Certes, l'indifférence fait mal. Mais il se trouve qu'autres choses aussi...

Voyant que le fait de savoir qu'elle se trouvait en face d'un roi la mettait profondément mal à l'aise et que, de toute évidence, elle n'aurait jamais cru qu'un homme tel que lui pouvait être le souverain d'un tel royaume, il se senti obligé, lui aussi, de lui faire part de quelques explications. Lentement, il s'avança vers elle, sans la brusquer, avant de prendre place sur une chaise, placée près du lit de l'infirmerie.

- Si je puis me permettre, je pourrais vous mentionner que mon statut ne fait pas de moi un être hors du commun. Je crois sincèrement que je ne mérite pas plus d'attention que quiconque, paysan, magicien ou mendiant. Je ne suis qu'un homme. Si je gouverne aujourd'hui, ce n'est pas parce que je l'ai décidé mais bien parce que le destin m'a placé sur ce trône il y a trois ans, lorsque mon père est décédé. Ma mère ayant fuit le royaume lorsque j'étais âgé de huit ans, j'étais le seul héritier de la lignée de mon père. On m'a donc placé sur le trône sans se soucier de mon opinion.

Cela, la plupart des Argentais le savait. Et c'était sans aucun doute pour cette raison qu'il était si apprécié auprès du peuple malgré son tempérament plutôt distant. Homme plutôt humble, il avait accepté le poste sans chigner et sans s'enfler la tête de ses nouvelles fonctions. Bien au contraire, du mieux qu'il le pouvait, il s'était concentré à aider son peuple et non à se contenter de répondre aux obligeances des nobles prétentieux qui lui léchaient les bottes, comme ils l'avaient fait avec son paternel, avant lui.

Il n'était certes pas dans ses habitudes de se confier, mais puisque Constellation lui avait fait assez confiance pour mentionner quelques détails de sa vie, il lui devait la pareille. Il ne se risqua pas à aller plus loin, d'une part parce que personne à Argent ne connaissait réellement ce qui se cachait sous ses airs trop sérieux, et d'autre part, parce qu'il n'avait jamais été capable de s'avouer réellement ce qu'il ressentait.

- Je ne suis pas quelqu'un à accepter facilement l'hospitalité d'autrui... Je n'aime pas me sentir inutile et encore moins empiétré sur le lit de quelqu'un d'autre...

Cela, elle l'avait dit en baissant piteusement la tête, comme si elle avait honte de ce qu'elle était. Voyant que la demoiselle tentait de se soustraire à son regard, il tenta de rattraper son attention en penchant légèrement la tête de côté, repoussant quelques mèches rebelles qui lui striaient le front. Puis, il reprit:

- S'il vous plait, j'apprécierais quand même que vous me regardiez en face lorsque vous vous adressez à moi. Non pas que je vois là un manque de respect, et loin de moi l'idée de vous intimider. Seulement, il est plutôt déplaisant d'avoir l'impression de s'adresser à un mur...

Son ton s'était fait doux. Un pâle sourire se ficha sur ses lèvres tandis qu'il attendait patiemment qu'elle redresse la tête.

- Si je vous ai amené ici, c'est parce qu'il me fait plaisir de vous offrir un toit le temps que vous désirerez rester à Argent. Le château est assez grand pour accueillir une jeune femme aussi menue que vous, ne l'aviez vous pas remarqué? De plus, personne n'a dit que vous seriez inutile en ces lieux. Je compte bien vous faire voir que mon royaume est l'un des plus majestueux et des plus intriguant d'Enkidiev. Et la mer... elle est ce qui me rattache le plus à ce coin de terre. Que diriez vous, lorsque vous serez remise sur pied, d'un tour guidé du royaume? Je vous ferez visiter les différentes régions... et les plages qui bordent la grande muraille, à l'extérieur des frontières ouest.

Il savait que cela ne plairait pas du tout à ses conseillers. Cependant, il s'agissait du bras-droit du Magicien d'Emeraude. En l'occurrence, elle était une invitée importante. Et de plus, elle avait eu si peur. Ne serait-ce que pour plaquer un sourire sur ce visage aux pupilles de chat, il lui devait au moins cela. Et comme l'infirmerie ne risquait pas d'être des plus confortables, il lui offrirait une chambre dans la section des invités, à moins qu'elle ne décline l'offre.

Oh il n'y avait aucun doute que cet homme allait recommencer ce qu'il avait commencé avec elle sur une autre femme lorsqu'il allait être libre de tous ses petits mouvements de charognard. Constellation ne savait même pas quoi faire en face du Roi. Même si cela aurait été un simple paysan, les hommes et elle... Ca ne faisait jamais bon aux premiers regards. Pourquoi? Car sa timidité était immense et elle n'était pas habituée d'être en compagnie d'un Seigneur. Même s'il se croyait aussi bas que tout le monde, le peuple en avait décidé autrement. S'il était toujours Roi d'Argent c'était parce que le peuple l'adorait, l'aimait et qu'il était un bon souverain. Quoi demander de plus lorsque notre propre souverain fait ce qu'il doit faire et se préoccupe de son royaume tout comme de ses habitants! C'est la joie assurée! Un Roi tyrannique, méprisant ses villageois comme des misérables et des esclaves ne sont certainement pas adulés. Quelques années à peine sur son règne, celui-ci se verra assassiné par des assaillants nombreux mais terriblement courageux de renverser un tel Roi. Nul n'avait besoin d'un tel sadique et tyran pour leur dicter leurs propres décisions. Encore faut-il que celui-ci fasse des sacrifices humains à des dieux pour attirer leurs soi-disant ''faveurs''. Comme si cela pouvait bien marcher! Les dieux se fichaient bien des humains bien avant ce Roi. Les seuls pouvant bien entendre raison à cet homme, c'étaient les dieux déchus. Personne d'autre!

Constellation écouta ensuite Nathan raconter qu'il n'était pas aussi haut placé qu'un simple paysan - pour lui en tout cas -. La jeune femme écouta sans broncher. Les paroles du Roi la traversaient comme l'eau qui pouvait s'infiltrer entre les rochers. Ses yeux orange fixaient la moitié de ses jambes et la moitié du sol. Donc juste en-dessous des genoux ou bien vers les tibias du Roi. Elle semblait être tombée soudainement dans la ''lune''. Un état lunatique mais elle écoutait encore très bien ce qu'il racontait.

- S'il vous plait, j'apprécierais quand même que vous me regardiez en face lorsque vous vous adressez à moi. Non pas que je vois là un manque de respect, et loin de moi l'idée de vous intimider. Seulement, il est plutôt déplaisant d'avoir l'impression de s'adresser à un mur...

Les oreilles de chat de la demoiselle s'abaissèrent immédiatement sur ses cheveux mauves et bleus pâles. Avait-elle bien entendu? Un mur? Croyait-il s'adresser à un mur alors qu'elle se trouvait droit devant elle et qu'elle se sentait déjà mal DE SES PROPRES ACTES!? Qu'elle n'avait même PAS pu se défendre alors qu'on avait attenté à sa propre vie!? Avait-il donc seulement osé lui dire sa en pleine figure??

- Si je vous ai amené ici, c'est parce qu'il me fait plaisir de vous offrir un toit le temps que vous désirerez rester à Argent. Le château est assez grand pour accueillir une jeune femme aussi menue que vous, ne l'aviez vous pas remarqué? De plus, personne n'a dit que vous seriez inutile en ces lieux. Je compte bien vous faire voir que mon royaume est l'un des plus majestueux et des plus intriguant d'Enkidiev. Et la mer... elle est ce qui me rattache le plus à ce coin de terre. Que diriez-vous, lorsque vous serez remise sur pied, d'un tour guidé du royaume? Je vous ferez visiter les différentes régions... et les plages qui bordent la grande muraille, à l'extérieur des frontières ouest.

Une larme coula soudainement sur la joue de la pardusse qui l'essuya calmement du regard de la main, faisant attention à ne pas se taillader la joue avec ses griffes. Son regard orangés se redressa soudainement en même temps qu'on grognement se faisait bel et bien entendre de sa propre personne. De sa propre gorge. Un son de grognement purement animal. C'est ce qu'elle était, à moitié, après tout. Elle regarda le Roi d'Argent en plein dans les yeux alors que ses pupilles étaient rendus aussi minces que la largeur d'une aiguille. Elle n'était pas contente. Sa queue de pardusse était rentrée entre ses jambes et ses oreilles étaient toujours rabaissées sur sa tête.

- Croyez-vous sincèrement parler à un mur, votre MAJESTÉ!? Je suis désolée du ton que j'emploi, mais je vous remercie du manque de respect que vous avez employé à mon égard. Mon caractère est celui d'une personne qui n'est pas capable de regarder quelqu'un EN FACE lorsqu'elle se sent coupable, timide et réservée! Il est donc si dur de vouloir respecter quelqu'un de soi, ainsi? Moi, je vous ai respecté en ne vous demandant rien. Je n'ai ni demandé d'être sauvé, ni d'être amenée ici. Il va de surcroit que c'est inné chez vous et je vous en remercie, certes! Mais je crois que lorsque nous avons quelqu'un en face de nous, nous ne parlons aucunement à un mur... Surtout si cette personne est remplie d'émotions qui la bouleversent!! Vous croyez que vous parlez à un mur alors que ce ''mur'' vous répond aussi durement!? Qu'il verse une larme de peine et de culpabilité!? JE NE SUIS PAS UN MUR! Je suis une personne comme une autre! Simplement, je ne vous regarde pas dans les yeux lorsque je m'adresse timidement à vous ou bien que vous me parliez justement car je suis timide!! Vous ne l'avez donc pas comprit? Ce n'est peut-être parce que vous avez vécue toute votre vie où les gens vous regardaient tout le temps dans les yeux! Mais pas moi... Je vous ai raconté une parcelle de mon passé mais c'est bien peu à comparé ce que j'ai réellement enduré. Ma vie n'est pas rose comme certain, d'autres seront plus pires que moi, d'autres non. Cependant, j'ai ma propre façon d'agir. N'est-ce pas suffisant de savoir que la personne en face de vous réagit à vos paroles et vous réponds sans peine qu'il ne vous regarde dans les yeux?

Un hoquet traversa soudainement la gorge de la jeune femme qui détourna rapidement les yeux. Elle avait eu l'impression de parler effrontément au Roi et elle se distança rapidement, sa queue traina silencieusement au sol, démontrant sa tristesse et sa culpabilité alors que ses oreilles continuait d'être rabaissées sur sa pauvre petite tête menue. Épaules affaissées, Constellation marcha jusqu'à la fenêtre de l'infirmerie là où elle regarda le paysage de l'extérieur. Une... Deux... Et même trois petites larmes coulèrent sur ses joues sans qu'elle ne les retienne.

- Puisque je ne pourrais pas me rendre à Émeraude dans la même... Journée... Même que ceci prend plusieurs jours... J'accepte votre offre pour une chambre, votre Majesté, dit-elle en une voix brisée, à peine plus audible.

Elle avait parlé tristement, juste assez audible pour qu'il comprenne le tout. Sans plus.

Roi d'Argent Messages : 14 Points : 9136 Date d'inscription : 06/11/2011

Peut-être était-ce simplement parce qu'elle avait été ébranlée par son agression, mais elle n'avait aucunement compris le but de son altercation. Pensait-elle réellement qu'il aurait osé l'insulter en insinuant qu'elle était un mur? Un vrai mur? Incrédule face à la réaction beaucoup trop exagérée – selon son humble avis – de son invitée, il se contenta de la dévisager longuement, sans prononcer un seul mot. Son objectif n'avait été, au départ, que de lui plaquer un sourire au visage, rien de plus. Habituellement, ce genre de tactique fonctionnait très bien avec les autres demoiselles. Seul un idiot n'aurait pas remarqué la timidité de la jeune femme. Certes, il l'avait remarquée, mais sa réaction si... spontanée démontrait qu'elle était capable de sortir les griffes lorsqu'elle se sentait offensée, et ce, dans tous les sens du terme. Se contentant d'inspirer profondément alors que Constellation le remettait à sa place comme jamais on ne l'avait fait auparavant, il était demeuré assis, les bras croisés, son visage à nouveau sévère et totalement fermé. Ses yeux se plantaient toutefois obstinément dans ceux, à la pupille verticale, de la Pardusse. C'est qu'elle était décidément très fâchée.

Il n'était pas de ceux qui se laissait facilement emporté par ses émotions, heureusement, car en à peine trente secondes, son orgueil avait pris un sacré coup. Si son père avait été à sa place, il l'aurait traînée lui même sur la place publique pour qu'on lui lance des roches avant qu'on ne l'expédie sur le champ à Émeraude. Mais bon, il n'était pas son père, fort heureusement. Ainsi donc, il demeura bien calme, réfléchissant à la meilleure façon de réagir. Rancunier de nature, il n'était pas facile pour lui de s'excuser, surtout dans un cas où il ne comprenait pas sa faute.

La jeune femme s'était dirigée vers la fenêtre, les yeux baignés de larmes, sans doute consciente de sa petite crise. «Je ne suis pas un mur», cela, Nathan l'avait bien compris, il était inutile de l'avoir crié. Pourtant, peut-être cela l'avait légèrement soulagée de la lourde pression qui devait peser sur elle. Après tout, c'était beaucoup d'émotions à gérer... du moins, lui semblait-il. néanmoins, malgré le fait que la Pardusse semblait mal à l'aise d'avoir réagit de la sorte, le dirigeant ne trouva rien à dire pendant un long moment, où un lourd silence s'installa entre les deux individus. Puis:

- Puisque je ne pourrais pas me rendre à Émeraude dans la même... Journée... Même que ceci prend plusieurs jours... J'accepte votre offre pour une chambre, votre Majesté, dit-elle en une voix brisée, à peine plus audible.

C'était Constellation qui avait parlé. Le roi avait osé les sourcils, sans l'interrompre et sans soulever le point qu'après avoir réagit ainsi, il était en droit de la mettre à la rue. Lentement, il se redressa. Sa silhouette mince et élancée, son allure fière et sa stature princière lui conférait un air relativement menaçant tandis que plus aucun semblant de sourire venait éclairer son visage. Il s'avança d'un pas vers sa direction et demeura à une distance respectable de son interlocutrice. Cherchant les bons mots à employer, il inspira profondément, puis se fini par se résoudre à lui répondre.

- Loin de moi l'idée de vous avoir insultée. Seulement, il semble que mes propos ne vous aient guère plu. Mon but était simplement de vous faire redresser la tête vers moi, non pas parce que j'ai considéré votre timidité comme un manque de respect, mais bien parce qu'il est bien ennuyeux de voir les yeux de chacun se baisser sur votre passage. Cette impression ne fait qu'accentuer le fait d'être la plus solitaire des créatures, seule au sommet.

Sa voix s'était fait grave, mais aucune menace apparente n'y perlait. Il n'était pas de ceux qui étaient habitués à s'excuser de leurs erreurs, surtout lorsqu'il s'y sentait obligé. Cela était bien l'un de ses plus grands défauts, mais puisqu'il ne désirait en aucun cas qu'elle ne refasse une crise telle que la précédente, il prit tout son courage et sa patience, et poursuivit.

- Puissiez-vous pardonner ma maladresse.

Sans plus un mot et sans attendre la réaction de la pardusse, l'homme sorti de la pièce. Il ne revint que quelques instants plus tard, un plateau sur lequel trônait une boisson chaude, la même que lui avait toujours préparé Romuald lorsqu'il était contrarié. Il déposa le plateau auprès du lit, sur une table de chevet, et lui fit signe de venir le rejoindre, si elle le désirait. À nouveau, un silence plana, puis il se décida à le briser.

- Néanmoins, j'apprécierais qu'avec la répugnance et l'ironie avec laquelle vous l'avez prononcé, le terme «Votre Majesté» soit rayé de votre vocabulaire en ce qui me concerne. Vous voulez bien?

Il ne l'obligerait pas à venir le rejoindre, ni à prendre la réconfortante boisson. Seulement, il avait promis de lui offrir des cartiers adéquats et il le ferait, en temps et lieu. Nathan n'avait jamais été habitué à ce qu'on s'adresse à lui sur ce ton. Il n'avait donc jamais été confronté à prononcer des excuses envers quelqu'un, surtout envers un inconnu. Habituellement, ceux qui le côtoyait arrivaient à apprécier son humour noir. Il semblait cependant que ce n,était pas le cas pour Constellation.

Constellation avait bien remarqué comment le roi était crispé. Ce n'était pas difficile non plus à voir... Suffisait de voir comment il se tenait, ses yeux et surtout sa position actuelle. Les griffes de la jeune femme frôla la bordure de la fenêtre. Elle ne laissa cependant pas de marques, heureusement. Ses griffes étaient assez lacérées, ce qui pouvait causer plus qu'une marque sur la peau d'une personne. Il faudrait qu'elle fasse bien attention à ne pas se frustrer à nouveau. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas frustrée après quelqu'un? Oh, des années... Pourquoi c'était-elle donc autant énervée contre un roi? Ses griffes se serraient alors contre la paroie de la fenêtre, marquant la marge en bois de celle-ci. Elle retira immédiatement sa main, se rendant compte du vendalisme qu'elle venait de causer et se retourna à moitié vers le roi. Elle lui avait manqué de respect, cette fois-ci, il n'était sûrement pas question qu'elle recommence. Du moins... Tant que lui, il ne lui en manque pas.

Cette impression ne fait qu'accentuer le fait d'être la plus solitaire des créatures, seule au sommet.

Elle aurait pu s'énerver encore contre lui sur cette phrase. Comment pouvait-il la considérer comme une créature alors qu'il n'était même pas humain? La jeune femme ne releva rien de cette phrase, remplie de peine et de colère en soi-même. Ses yeux orangés s'étaient de nouveau baissés au sol, sans contredis. Elle se sentait mal des paroles qu'elle avait prononcé mais elle se sentait aussi blessée par ce que venait de dire à nouveau Nathan. C'était vrai, d'un sens, qu'elle était une créature puisqu'elle était une femme animal. Mais pourquoi s'en prende à quelqu'un de différent alors que nous semblons si fragile et que nous ne ferions de mal à personne intentionnellement comme beaucoup d'humains le font? L'injustice fait trop mal...

- Puissiez-vous pardonner ma maladresse.

Soudainement, elle se retourna vers le Roi. Encore ce corps crispé, ce regard dur et distant. Oh il avait du puiser bien loin pour pouvoir sortir cette petite phrase d'excuses. Eh bien qu'il se force davantage le cul pour pouvoir en sortir davantage s'il n'en est pas habitué car un Roi qui n'est même pas capable de s'excuser sa propre maladresse lorsqu'il reconnaît ses fautes n'est qu'un être perfide et sans état d'âme. Alors qu'elle réfléchissait à comment aborder des sujets avec lui, elle l'entendit sortir de la pièce. Parfait! Elle allait peut-être enfin pouvoir avoir la paix de tous ces petites lecons de moralité qu'elle avait tant entendu par le passé et qu'elle en avait assez d'entendre!! Alors qu'elle pensait être seule, elle entendit de nouveau des pas dans la pièce et la seule énergie qu'elle sentie lui fit savoir que c'était Nathan qui était de retour. La jeune femme ferma alors les yeux en inspirant doucement. Cette odeur... Ses perceptions animales bien plus allumées qu'un être humain avaient été mis en alerte. Elle tourna la tête vers lui, et baissa les yeux. Non pas au sol, mais sur la petite boisson qui fumait, sur un plateau, sur le lit d'infirmerie où elle était assise plusieurs minutes auparavant. Elle vit un signe d'invitation de la part de l'homme, de nouveau assit à ce petit tabouret qui servait de chaise. Elle s'approcha calmement, comme un animal qui s'approchait d'un butin, pensant qu'il y avait un piège. Ses oreilles étaient toujours couchées sur sa tête et sa queue baissée littéralement au sol.

- Néanmoins, j'apprécierais qu'avec la répugnance et l'ironie avec laquelle vous l'avez prononcé, le terme «Votre Majesté» soit rayé de votre vocabulaire en ce qui me concerne. Vous voulez bien?

Constellation ne répondit rien, intriguée par la boisson qu'il lui offrait. Elle fut assez proche de lui maintenant pour que son bras le touche. Elle tandit le bras vers le récipient et toucha légèrement celui-ci. La boisson était très chaude. Elle l'empoigna donc par la poignée pour éviter de se brûler et ses genoux se penchaient légèrement pour qu'elle s'assied sur la petite chaise pas si loin. Que pouvait-elle donc lui dire, exactement? Elle avait été désobligeante envers un monarque. Le magicien d'Émeraude lui aurait certainement répliqué quelque chose d'odieux sur sa réaction si spontannée et agressive.

- Puisque vous avez bien l'air d'avoir de la difficulté à exprimer vos excuses, je les accepte. Je m'excuse par les faits même de ma réaction exagérée. Comprenez néanmoins que ma race n'anecceptons aucunement quelques fois certains propos qui peuvent paraître si anodins face à quelqu'un de votre statut ou même quelqu'un pauvre, comme un mandiant ou un paysan.

Constellation baissa doucement les yeux sur la boisson qui fumait encore et qu'elle n'avait pas encore touchée. Elle redressa la tête et regarda le roi dans les yeux, ses pupilles étant redevenues ovales, comme à leur ordinaire.

- Je suis devenue agressive car déjà j'étais sur les nerfs. Je ne m'étais pas... Mise dans un tel état depuis quelques années. Je ne suis plus une adolescente depuis plusieurs années mais disons que déjà ma race et la réaction d'autrui n'aide pas. Je vous remercie, néanmoins, d'avoir prise ma défense et de ne pas m'avoir prise pour un monstre, comme eux le faisaient.

Il était à peu près temps de goûter à cette boisson qui lui chatouillait le nez. La magicienne approcha donc le récipient de son nez pour bien mieux sentir ce qu'un humain pourrait même sentir à cette distance et rebaissa les yeux sur le contenant. Elle était visiblement assez intriguée par ce que c'était et déposa la lèvre inférieure contre le bout du verre pour ensuite en prendre une gorgée, évitant de se brûler. Ses oreilles, encore abaissées, s'élevaient soudainement sur sa tête, de plus en plus jusqu'à se redresser complètement et sa queue se balanca légèrement de gauche à droite. Pour la première fois depuis tous ces incidents, un sourire franchit les lèvres de Constellation qui redressa la tête pour la tourner vers Nathan.